Dans le système de justice pénale canadien, la procédure de mise en liberté sous caution est une étape cruciale après l'arrestation et l'inculpation d'une personne. Elle détermine si l'accusé restera en détention ou sera libéré dans l'attente de son procès. Bien que la présomption d'innocence soit une pierre angulaire du droit canadien, inscrite à l'article 11(d) de la Charte canadienne des droits et libertés, la nature de l'infraction présumée joue un rôle essentiel dans la décision de mise en liberté sous caution.
Les tribunaux doivent mettre en balance plusieurs facteurs lorsqu'ils décident d'accorder une libération sous caution, notamment la sécurité publique, la probabilité que l'accusé se présente au tribunal et la gravité de l'infraction présumée.
Les principes régissant la mise en liberté sous caution sont principalement énoncés dans les articles 515 à 522 du Code criminel du Canada. Selon l'article 515(1), si la Couronne cherche à détenir un accusé, elle doit établir que la détention est justifiée par au moins l'un des trois motifs suivants :
Motif principal : Assurer la présence de l'accusé au tribunal.
Motif secondaire : Protéger la sécurité publique, notamment en empêchant la commission d'autres infractions ou en évitant de porter préjudice aux victimes et aux témoins.
Motif tertiaire : Maintenir la confiance dans l'administration de la justice, en tenant compte de facteurs tels que la solidité du dossier de l'accusation et la gravité de l'infraction présumée.
1. Gravité de l'infraction
La gravité de l'infraction présumée est un facteur essentiel dans les décisions de mise en liberté sous caution. Les infractions impliquant des dommages importants, de la violence ou des menaces pour la sécurité publique donnent souvent lieu à des conditions de mise en liberté sous caution plus strictes ou à une détention pure et simple. C'est le cas, par exemple :
Dans l'affaire R. c. Morales, la Cour suprême du Canada a affirmé que la sécurité publique est une considération légitime pour refuser la mise en liberté sous caution, en particulier pour les infractions graves qui présentent un risque inhérent pour la société.
2. Infractions violentes et non violentes
Le tribunal fait une distinction entre les infractions violentes et non violentes lorsqu'il évalue le risque posé par l'accusé. Les infractions violentes, telles que les agressions, les agressions sexuelles ou les vols à main armée, suscitent des inquiétudes quant à la sécurité publique et au risque d'aggravation des dommages, ce qui entraîne des conditions de détention plus strictes.
En revanche, les délits non violents - tels que le vol, la fraude ou la possession de drogue - peuvent donner lieu à des conditions plus clémentes, à condition que l'accusé n'ait pas de casier judiciaire important ou d'antécédents en matière de non-respect des décisions de justice.
3. Récidive et antécédents judiciaires
Les antécédents criminels et les modèles de comportement de l'accusé influencent fortement les décisions de mise en liberté sous caution, en particulier lorsque l'infraction présumée est similaire à des condamnations antérieures. C'est le cas, par exemple :
4. Infractions impliquant des victimes vulnérables
Lorsque l'infraction présumée implique des victimes vulnérables, telles que des enfants, des partenaires intimes ou des personnes âgées, les tribunaux accordent souvent la priorité aux mesures de protection. Les cas de violence domestique, par exemple, sont souvent assortis de conditions telles que des ordonnances de non-contact, des restrictions géographiques et des couvre-feux obligatoires.
Dans l'affaire R v. Hall, la Cour suprême a reconnu que le maintien de la confiance du public dans l'administration de la justice est particulièrement important dans les affaires impliquant des victimes vulnérables, où la perception de la clémence par le public pourrait miner la confiance dans le système.
5. Infractions contre l'administration de la justice
Des accusations telles que l'obstruction à la justice, la violation de la probation ou le défaut de comparution devant le tribunal indiquent un mépris de la procédure judiciaire. Dans de tels cas, les tribunaux sont plus susceptibles d'imposer des conditions de mise en liberté sous caution plus strictes ou de refuser purement et simplement la mise en liberté sous caution afin d'assurer le respect de la loi.
6. Infractions liées à la drogue
Les accusations liées à la drogue, en particulier celles qui impliquent un trafic en vertu de la loi sur les drogues et les substances contrôlées, peuvent entraîner des peines sévères et soulever d'importantes préoccupations en matière de sécurité publique. Les tribunaux prennent en compte des facteurs tels que la quantité de drogue impliquée, le rôle de l'accusé dans l'infraction présumée et le fait que des armes à feu ou des actes de violence aient été liés à l'infraction.
Par exemple, le trafic de grandes quantités de fentanyl ou de cocaïne donne souvent lieu à des conditions de mise en liberté sous caution strictes en raison des dommages sociétaux associés à ces substances.
Dans certaines circonstances, il incombe à l'accusé de prouver pourquoi il devrait bénéficier d'une mise en liberté sous caution. C'est ce que l'on appelle le "renversement de la charge de la preuve", qui s'applique à certaines infractions, notamment :
Les cas de renversement de la charge de la preuve reflètent la présomption que l'accusé présente un risque plus élevé pour la sécurité publique ou l'administration de la justice, ce qui nécessite une justification supplémentaire pour sa mise en liberté.
Les tribunaux canadiens s'efforcent de trouver un équilibre entre les droits de l'accusé et les intérêts plus généraux de la société. La Charte canadienne des droits et libertés garantit la présomption d'innocence et le droit à une caution raisonnable. Cependant, les tribunaux doivent également prendre en compte les conséquences potentielles de la libération d'un accusé qui représente une menace légitime pour la sécurité publique ou la procédure judiciaire.
Dans l'affaire R v. Antic, la Cour suprême a mis l'accent sur le principe de modération, déclarant que les conditions de mise en liberté sous caution ne doivent pas être indûment onéreuses et que la détention ne doit être qu'un dernier recours. Ce principe s'applique même dans les cas d'infractions graves, à condition que les risques puissent être gérés par des conditions appropriées.
Les avocats de la défense jouent un rôle crucial en défendant l'accusé lors des audiences de mise en liberté sous caution. Leurs responsabilités sont les suivantes
En abordant habilement les facteurs liés à l'infraction présumée, les avocats de la défense peuvent améliorer les chances d'obtenir une libération sous caution pour leurs clients.
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